À
Plovan comme dans presque toutes les petites églises et chapelles
des environs, les vitraux anciens ont depuis longtemps disparu. Les
premiers, datant certainement du Moyen Âge, portaient à n'en pas
douter les armes de quelques seigneurs locaux (Gourcuff ou autres) ayant
droit de prééminence sur l'église de Plovan après le duc de
Bretagne. Les affres du temps, les intempéries, le vandalisme ou les
changements de goût ont eu raison d'eux et vraisemblablement de
nombre de leurs remplaçants. Quand on voit les vitraux médiévaux
de la cathédrale de Quimper ou, plus près de nous, la
maîtresse-vitre de l'église de Lababan, datée de 1573, on pourrait
céder à la nostalgie et regretter que leurs équivalents plovanais,
œuvres inconnues, soient à jamais disparus. Ce serait peut-être
passer à côté des admirables vitraux dont peut s'enorgueillir
actuellement l'église paroissiale, que je vous propose de
(re)découvrir ici.
I –
L'artiste, le commanditaire et le contexte
Les vitraux actuels, dont deux sont datés de 1944, ont été réalisés par le maître-verrier Job Guével. Ce jeune trentenaire a, à cette date, déjà fait ses armes dans quelques églises du département mais semble s'aventurer pour la première (et dernière ?) fois en Pays bigouden. Son nom, Guével, n'était peut-être pas inconnu aux Plovanais consommateurs de vin : les vins Guével et leur fameuse marque « La Grappe fleurie » font alors les belles heures de la commune de Pleyber-Christ, près de Morlaix. Joseph Guével, né le 19 avril 1911 dans cette commune, est le second enfant du couple propriétaire de l'entreprise de boissons. À l'inverse de ses frères, Job n'intègre pas la firme familiale, préférant entrer en 1930 à l'Académie de la Chaumière (école d'art privée fondée à Paris en 1904) puis à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il commence à s'intéresser à l'art du vitrail après sa rencontre avec Léa Hette, issue, nous disent ses biographes, d'une dynastie de souffleurs de verre ayant quitté la Moravie (autrefois en Bohême, aujourd'hui en République tchèque) au XVIe siècle. Le couple que Léa Hette et Job Guével forment à la ville, entre Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) et Pleyber-Christ, travaille aussi de concert dans la production d’œuvres d'art à partir du milieu des années 30.
Établi
avec sa famille à Pont-Aven pendant la Seconde Guerre mondiale, Job
Guével réalise de nombreux vitraux d'inspiration religieuse pour
des églises et chapelles bretonnes. Malgré la guerre et
l'Occupation, les années 1940 figurent comme l'une des périodes les
plus productives de sa vie artistique. En l'état de nos
connaissances – l'ensemble de ses œuvres n'est en effet pas encore
recensé et daté –, il travaille essentiellement dans trois
secteurs au cours de ces années :
- le pays de Quimperlé (10 vitraux à Locunolé réalisés entre 1944 et 1948, Mellac en 1943, Moëlan-sur-Mer en 1941, Pont-Aven entre 1943 et 1945, Trégunc en 1948, 1 maîtresse-vitre à Tréméven en 1945).
- les Monts d'Arrée (Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec entre 1936 et 1943, Plounéour-Menez en 1936, Scrignac en 1937).
- la vallée du Trieux (Plourivo en 1943, Pontrieux en 1946, Saint-Gilles-des-Bois en 1946).
Cherchez
l'erreur ! Plovan n'appartient à aucun de ces secteurs, se
trouvant isolé dans la géographie des paroisses pour lesquelles a
travaillé Job Guével. On peut donc se demander par quel miracle
l'artiste a été contacté et est intervenu sur l'église
Saint-Gorgon, d'autant plus que son œuvre plovanaise est d'ampleur :
11 vitraux, dont certains de tailles conséquentes. Le contexte dans
lequel est passé la commande laisse aussi songeur : si on se
fie à la date inscrite sur les vitraux de saint Corentin et de
Notre-Dame de Lourdes, cet ensemble a été réalisé en 1944,
pendant la Seconde Guerre mondiale. La grande homogénéité que ces
deux œuvres présentent avec les autres vitraux de Plovan permet de
penser que l'ensemble a été commandé en totalité et
réalisé en 1944 puis mis en place dans la foulée.
Quel est alors le
commanditaire de cet ensemble de vitraux ? Il s'agit tout simplement du recteur
Paul Gouriou, arrivé à Plovan en juin 1941. Avant que des documents d'archives ne viennent nous contredire, nous avions pensé que le recteur Jean-Marie Maréchal, mort en septembre
1941 après avoir passé plus de 30 ans dans la paroisse,
marquant son passage par plusieurs réalisations importantes
(construction d'une école libre, commande du cantique breton à
saint Gorgon et réception d'une partie de ses reliques, commande d'une brochure retraçant l'histoire de la paroisse) était un candidat tout aussi plausible (on ne prête qu'aux riches !), allant jusqu'à imaginer qu'à la fin de sa
vie, le vieux prêtre aurait collecté les fonds nécessaires au remplacement des anciens
vitraux, une entreprise que son successeur aurait parachevé. Mais il n'en est rien !
Un devis des vitraux de l'église de Plovan, daté du 22 février 1944 et conservé aux archives paroissiales, prouve bien que la commande remonte tout au plus à la fin de l'année 1943, plus probablement au début de 1944, donc sous le ministère Gouriou.
Né le 12
janvier 1884 à l'école Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle de Lambézellec,
dont une de ses trois tantes religieuses est la supérieure et où où son père officie comme jardinier, Paul Joseph Marie Gouriou, fils de Jean Louis Marie Gouriou et de Barbe Biliou (qu'on rencontre parfois nommée Piriou), est le dernier d'une fratrie de sept enfants. Issu d'une famille très croyante
– outre ses tantes, une de ses sœurs
devient religieuse chez les Filles du Saint-Esprit – il fait ses
études primaires à l'école de la Croix-Rouge à Brest puis ses études
secondaires au Petit séminaire de Pont-Croix. Il entre ensuite au
Grand séminaire (alors situé à Brest) et devient prêtre le 23
juillet 1909, ayant dans l'intervalle rempli ses obligations militaires (il a été incorporé au 19e régiment d'infanterie entre octobre 1905 et septembre 1906). Par la suite, il devient surveillant à Saint-Yves (Quimper)
avant d'être envoyé comme vicaire dans plusieurs paroisses
finistériennes. Après avoir été en poste à Mellac (septembre 1910-janvier 1913), il est nommé à
Irvillac (janvier 1913-février 1920). C'est là que, comme beaucoup d'hommes de sa génération, il apprend que la guerre a éclaté. Mobilisé d'août 1914 à mars 1919, il sert comme fantassin puis comme soldat-infirmier à partir d'août 1915, notamment à la 11e section d'infirmiers de l'hôpital temporaire d'Héricourt (Haute-Saône) où il reçoit la citation suivante : « le 20 mars 1916, par son sang-froid et sa présence d'esprit, a évité un grave accident, en prévenant des camarades travaillant à côté de lui, de l'explosion imminente d'une grenade, qui se trouvait dans le paquetage d'un soldat entrant à l'hôpital. A été lui même grièvement blessé. ». Sa fiche matricule précise en effet qu'en 1927 son visage portait d'importantes cicatrices sur la joue droite, entraînant chez lui une légère paralysie faciale. Sa nécrologie précise qu'il a également été fait prisonnier mais sa fiche matricule n'en dit rien. De retour à Irvillac après le conflit, il est placé comme vicaire à Carhaix (février
1920-janvier 1927) et finalement au Faou (janvier 1927-mars 1936).
Paul Gouriou (en soutane) entouré de membres de sa famille (collection particulière) |
La première paroisse qu'on lui confie, à l'âge déjà avancé de 52 ans, est Lababan, où il reste cinq ans (mars 1936-juin 1941)
avant d'arriver à Plovan, où il va s'établir pendant plus de seize ans (juin 1941-décembre 1957), entre ses 57 et 73 ans. En quittant la paroisse où il aura séjourné le plus longtemps, il exerce quelques temps la charge de
chapelain de Kerangoff (décembre 1957-1958), fonction dont il démissionne suite à
une opération chirurgicale afin de se retirer dans une maison de repos à
Keraudren. Il y meurt le 27 juillet 1974, ses obsèques étant célébrées
à Saint-Martin (Brest) par l'abbé R. Riou deux jours plus tard (Semaine religieuse, 1974, p. 331, 348-349).
Pour en revenir aux vitraux, leur commande se justifiait sans doute par le mauvais état des vitres alors en place ou parce que le nouveau recteur les jugeait passées de mode.
Cette vue ancienne de l'église de Plovan ne permet pas de voir à quoi ressemblaient les deux vitraux du chœur avant 1944. Tout juste aperçoit-on, sur celui de gauche, une partie de la frise qui devait entourer la fenêtre ou le vitrail.
Le choix des thèmes des vitraux est vraisemblablement le fruit des échanges nés des propositions du maître-verrier confrontées aux attentes du recteur. Reste à comprendre comment ce duo s'est formé : pourquoi Paul Gouriou fait-il appel à Job Guével ?
On sait que Job Guével a bénéficié de ses amitiés avec de jeunes prêtres de sa génération pour commencer à travailler. Mais Plovan, là encore, n'entre pas dans ce cas de figure, l'artiste ayant 17 ans de moins que Gouriou. Parmi les paroisses où ce dernier officia, seule celle de Mellac reçut des vitraux conçus par Guével, précisément en 1943, quelques mois avant que l'artiste soit retenu pour les vitraux de Plovan. C'est peut-être là l'origine de leur rencontre, bien que deux décennies séparent le passage du vicaire Gouriou à Mellac de l'intervention de Job Guével dans cette église. On peut aussi envisager que le nom de l'artiste verrier ait été soufflé au nouveau recteur de Plovan par sa hiérarchie diocésaine. Les archives paroissiales conservent justement une lettre d'Auguste Cogneau (1868-1952), bras-droit de Monseigneur Duparc comme évêque auxiliaire de Quimper depuis 1933, après avoir été plusieurs années son vicaire général, attestant que cette commande s'est faite sous le haut patronage du successeur de saint Corentin. Datée du 17 mars 1944, elle autorise le recteur à emprunter 50 000 francs « pour garnir les fenêtres de votre église de vitraux » (est-ce à dire qu'il y avait de simples vitres jusque-là ?). Il poursuit : « J'ai mis les maquettes sous les yeux de Monseigneur. Elles peuvent être acceptées. Les sujets sont convenablement traités. ». Et de conclure sur quelques critiques de forme : saint Herbot ne doit pas tenir de chapelet car c'est anachronique ; la coiffure proposée pour sainte Bernadette ne convient pas, un capuchon serait préférable ; et les inscriptions ne ressortent pas assez. Ces remarques ont toutes été suivies d'effet dans les œuvres finales.
Pour financer son programme de renouvellement des vitraux, le recteur Gouriou fait appel à la générosité de ses paroissiens, dont les plus fervents, ceux dont les familles avaient déjà largement contribué à l'édification de l'école de la Sainte-Famille, répondent largement à l'appel de leur pasteur. Largesses qu'il faut d'autant plus souligner que la commande est engagée pendant l'occupation allemande et qu'elle aboutit quelques mois seulement après la fin de la guerre, soit en des temps de difficultés économiques évidentes.
Installés durant l'été 1945, les vitraux de Plovan sont bénis à l'occasion du pardon de saint Gorgon, en septembre de la même année, lors d'une messe célébrée par le jeune Père René Thomas (1921-2006), nouvellement ordonné prêtre et natif de la paroisse (cette famille, les Thomas de Kerévet, figure parmi les plus généreux donateurs dans le tableau ci-dessus). On n'est pas parvenu à recueillir de témoignages de leur accueil par les paroissiens. Sans doute n'ont-ils pas soulevé de désapprobation, sombrant rapidement dans l'indifférence générale tant on peut avoir du mal parfois à percevoir la beauté d'un décor par trop familier.
Quelques années plus tard, revenant sur cet événement, le recteur Gouriou écrit : « En 1945, en la St Gorgon, l'abbé René Thomas, seul prêtre de Plovan attaché au diocèse – deux autres, le 1° ordonné en 1924 appartient au diocèse de Tours ; le 2° ordonné en 1933, au clergé haïtien – célèbre sa première grand messe, fête coïncidant avec l'achèvement d'un travail d'artiste : les onze fenêtres de notre église garnies de vitraux dont les couleurs sombres nous invitent au recueillement et peuvent, si vous êtes sensibles aux beautés de l'art, jeter votre âme en extase. ».
Par la suite, Job Guével ne revient pas travailler dans cette partie du Finistère. En 1947, trois ans après son passage à Plovan, il fait bâtir à Pont-Aven une maison-atelier derrière le square Botrel, décorée de hautes verrières. Tout en continuant à travailler essentiellement pour des édifices religieux, le maître-verrier fait évoluer sa technique au cours des années 1950, abandonnant les représentations classiques pour des figures plus modernes, comme l'illustre à merveille les superbes vitraux de l'église de Nizon (commune de Pont-Aven) réalisés en 1953-1954.
Vitrail du chœur avant 1944 |
Le choix des thèmes des vitraux est vraisemblablement le fruit des échanges nés des propositions du maître-verrier confrontées aux attentes du recteur. Reste à comprendre comment ce duo s'est formé : pourquoi Paul Gouriou fait-il appel à Job Guével ?
On sait que Job Guével a bénéficié de ses amitiés avec de jeunes prêtres de sa génération pour commencer à travailler. Mais Plovan, là encore, n'entre pas dans ce cas de figure, l'artiste ayant 17 ans de moins que Gouriou. Parmi les paroisses où ce dernier officia, seule celle de Mellac reçut des vitraux conçus par Guével, précisément en 1943, quelques mois avant que l'artiste soit retenu pour les vitraux de Plovan. C'est peut-être là l'origine de leur rencontre, bien que deux décennies séparent le passage du vicaire Gouriou à Mellac de l'intervention de Job Guével dans cette église. On peut aussi envisager que le nom de l'artiste verrier ait été soufflé au nouveau recteur de Plovan par sa hiérarchie diocésaine. Les archives paroissiales conservent justement une lettre d'Auguste Cogneau (1868-1952), bras-droit de Monseigneur Duparc comme évêque auxiliaire de Quimper depuis 1933, après avoir été plusieurs années son vicaire général, attestant que cette commande s'est faite sous le haut patronage du successeur de saint Corentin. Datée du 17 mars 1944, elle autorise le recteur à emprunter 50 000 francs « pour garnir les fenêtres de votre église de vitraux » (est-ce à dire qu'il y avait de simples vitres jusque-là ?). Il poursuit : « J'ai mis les maquettes sous les yeux de Monseigneur. Elles peuvent être acceptées. Les sujets sont convenablement traités. ». Et de conclure sur quelques critiques de forme : saint Herbot ne doit pas tenir de chapelet car c'est anachronique ; la coiffure proposée pour sainte Bernadette ne convient pas, un capuchon serait préférable ; et les inscriptions ne ressortent pas assez. Ces remarques ont toutes été suivies d'effet dans les œuvres finales.
Auguste Cogneau (au centre, avec un chapeau) se tient derrière Mgr Duparc (en 1938) |
Pour financer son programme de renouvellement des vitraux, le recteur Gouriou fait appel à la générosité de ses paroissiens, dont les plus fervents, ceux dont les familles avaient déjà largement contribué à l'édification de l'école de la Sainte-Famille, répondent largement à l'appel de leur pasteur. Largesses qu'il faut d'autant plus souligner que la commande est engagée pendant l'occupation allemande et qu'elle aboutit quelques mois seulement après la fin de la guerre, soit en des temps de difficultés économiques évidentes.
Vitraux
|
Prix fixés par le verrier
|
Offrandes versées par les
paroissiens
|
St Gorgon
|
16 440 fr.
|
|
St Corentin
|
16 440 fr.
|
8 320 fr. de la famille Thomas du
Crugou et de Kerévet
|
ND de Lourdes
|
11 150 fr.
|
12 000 fr. de Marie-Anne Plouhinec,
du bourg
|
St Joseph
|
7 620 fr.
|
4 000 fr. de Jean-Marie Hénaff, du
bourg
4 000 fr. de Jean-Marie Hénaff, de
Lestréguellec
|
St Michel
|
18 383 fr.
|
5 000 fr. de Marie-Jeanne
Tanguy-Loc'h, de Pontecroas
|
St Yves
|
||
St Herbot
|
4 000 fr. de Jean-Louis Le Bec, de
Keryouen
|
|
St Jean Discalcéat
|
||
St Jean-Marie Vianney
|
6 000 fr. de Mme Daniel, de
Lestréguellec
|
|
St Antoine de Padoue
|
?
|
|
Esprit saint
|
?
|
|
TOTAL
|
70 033 fr.
|
43 320 fr.
|
Installés durant l'été 1945, les vitraux de Plovan sont bénis à l'occasion du pardon de saint Gorgon, en septembre de la même année, lors d'une messe célébrée par le jeune Père René Thomas (1921-2006), nouvellement ordonné prêtre et natif de la paroisse (cette famille, les Thomas de Kerévet, figure parmi les plus généreux donateurs dans le tableau ci-dessus). On n'est pas parvenu à recueillir de témoignages de leur accueil par les paroissiens. Sans doute n'ont-ils pas soulevé de désapprobation, sombrant rapidement dans l'indifférence générale tant on peut avoir du mal parfois à percevoir la beauté d'un décor par trop familier.
Quelques années plus tard, revenant sur cet événement, le recteur Gouriou écrit : « En 1945, en la St Gorgon, l'abbé René Thomas, seul prêtre de Plovan attaché au diocèse – deux autres, le 1° ordonné en 1924 appartient au diocèse de Tours ; le 2° ordonné en 1933, au clergé haïtien – célèbre sa première grand messe, fête coïncidant avec l'achèvement d'un travail d'artiste : les onze fenêtres de notre église garnies de vitraux dont les couleurs sombres nous invitent au recueillement et peuvent, si vous êtes sensibles aux beautés de l'art, jeter votre âme en extase. ».
Par la suite, Job Guével ne revient pas travailler dans cette partie du Finistère. En 1947, trois ans après son passage à Plovan, il fait bâtir à Pont-Aven une maison-atelier derrière le square Botrel, décorée de hautes verrières. Tout en continuant à travailler essentiellement pour des édifices religieux, le maître-verrier fait évoluer sa technique au cours des années 1950, abandonnant les représentations classiques pour des figures plus modernes, comme l'illustre à merveille les superbes vitraux de l'église de Nizon (commune de Pont-Aven) réalisés en 1953-1954.
Couronnement de la Vierge-Marie par Job Guével (maîtresse-vitre de l'église de Nizon, vers 1954) |
Yves Pot, spécialiste de l'œuvre de Guével,
écrit à ce propos que « l'évolution de l'artiste [va] vers
une complexification des scènes comme à Pont-Aven et surtout vers
une création de ses propres plaques de verre, épaisses parfois
jusqu'à 6 cm., les dalles de verre éclatées sur leurs bords pour
mieux ''sculpter la lumière'' ». Dans les années 1970,
installé désormais à L’Haÿ-les-Roses, Job Guével modifie
encore plus radicalement son travail en abandonnant l'iconographie
pour se consacrer uniquement aux couleurs. Cette démarche est couronnée en 1979 lorsqu'il reçoit le premier prix en vitrail moderne à Phœnix (Arizona, États-Unis).
Job Guével meurt en 2000, laissant derrière lui quelques 300 vitraux, pour la plupart visibles dans des édifices religieux mais aussi dans l'entreprise familiale (aujourd'hui démolie) et chez des particuliers. Aujourd'hui, quinze ans après la disparition de l'artiste, la reconnaissance de son œuvre, déjà remarquée par les spécialistes, ne cesse de croître auprès du grand public. Son fils, Michel Guével, qui a suivi les traces de ses parents en devenant lui aussi maître-verrier, s'emploie depuis quelques années à mieux faire connaître l’œuvre paternelle en donnant des conférences (à Pleyber-Christ en 2013, à Pont-Aven en 2014). La municipalité de Pont-Aven a cru bon de lui rendre hommage en baptisant un rond-point « Job Guével » et en y plaçant trois de ses œuvres.
Job Guével (1911-2000) dans les années 1980 |
Job Guével meurt en 2000, laissant derrière lui quelques 300 vitraux, pour la plupart visibles dans des édifices religieux mais aussi dans l'entreprise familiale (aujourd'hui démolie) et chez des particuliers. Aujourd'hui, quinze ans après la disparition de l'artiste, la reconnaissance de son œuvre, déjà remarquée par les spécialistes, ne cesse de croître auprès du grand public. Son fils, Michel Guével, qui a suivi les traces de ses parents en devenant lui aussi maître-verrier, s'emploie depuis quelques années à mieux faire connaître l’œuvre paternelle en donnant des conférences (à Pleyber-Christ en 2013, à Pont-Aven en 2014). La municipalité de Pont-Aven a cru bon de lui rendre hommage en baptisant un rond-point « Job Guével » et en y plaçant trois de ses œuvres.
II – Plovan, un ensemble de vitraux remarquable
L'église
de Plovan abrite onze vitraux figuratifs, c'est-à-dire
représentant tous un personnage ou un animal, de Job Guével. À
notre connaissance, c'est, par le nombre, l'un des plus important groupe de vitraux
réalisé par cet artiste. Le plan ci-dessous indique leurs emplacements, numérotés de 1 à 11, faisant le lien avec les images et les descriptions placées à la suite.
Emplacements des vitraux de l'église de Plovan |
(1) St Gorgon |
Saint
Gorgon est un soldat gréco-romain mort en martyr au début du IVe
siècle, probablement introduit comme patron de la paroisse de Plovan
au XVIIe siècle.
Sur
un fond à dominantes rouge et verte, l'artiste a choisi de le
représenter ici en pied sous les traits d'un guerrier mi-celte,
mi-romain : si ce n'est le casque, le manteau militaire et la
jupe courte, le Gorgon de Guével a en effet des allures de guerrier
gaulois ou breton (une moustache, des braies entourées de
bandelettes, une épée médiévale formant une croix). Cette
bretonnisation est accentuée par les dix hermines qui bordent le
saint. Aucun élément ne vient rappeler son martyre, c'est-à-dire
le supplice qu'il a enduré pour défendre sa foi chrétienne.
Saint
Corentin, patron de Quimper, est selon la tradition le premier
évêque de Cornouaille au VIe siècle et l'un des
sept saints prétendus fondateurs de Bretagne.
Sur un fond rouge et vert, notre Corentin est également représenté en pied, présentant les attributs d'un évêque : la mitre ornée d'une petite croix (qu'on retrouve dans le décor de part et d'autre de sa tête, comme sur le vitrail de saint Gorgon) et la crosse, calée sous son bras droit. Le regard porté vers les cieux, vêtu d'une chasuble jaune et verte, couvrant une aube jaune or et une étole rouge, le saint nous présente une truite, faisant écho à une légende bien connue dans le diocèse de Quimper qui veut que, lorsque Corentin vivait retiré du monde à Plomodiern, Dieu ait pourvu à sa nourriture quotidienne en envoyant un poisson dans la fontaine de l'ermitage. Chaque jour, Corentin coupait une partie du poisson pour se nourrir et rejetait l'autre partie dans la fontaine où l'animal retrouvait immédiatement son intégralité. Recevant un jour la visite du roi Gradlon et de toute sa suite, le saint-ermite parvient de la même manière à sustenter toute la troupe.
Sur un fond rouge et vert, notre Corentin est également représenté en pied, présentant les attributs d'un évêque : la mitre ornée d'une petite croix (qu'on retrouve dans le décor de part et d'autre de sa tête, comme sur le vitrail de saint Gorgon) et la crosse, calée sous son bras droit. Le regard porté vers les cieux, vêtu d'une chasuble jaune et verte, couvrant une aube jaune or et une étole rouge, le saint nous présente une truite, faisant écho à une légende bien connue dans le diocèse de Quimper qui veut que, lorsque Corentin vivait retiré du monde à Plomodiern, Dieu ait pourvu à sa nourriture quotidienne en envoyant un poisson dans la fontaine de l'ermitage. Chaque jour, Corentin coupait une partie du poisson pour se nourrir et rejetait l'autre partie dans la fontaine où l'animal retrouvait immédiatement son intégralité. Recevant un jour la visite du roi Gradlon et de toute sa suite, le saint-ermite parvient de la même manière à sustenter toute la troupe.
Détail du vitrail de Saint Corentin |
C'est un des deux vitraux de l'église signé par l'artiste : en bas à droite on lit « J. Guével 1944 ».
(3) St Mikel |
Saint
Michel archange, personnage biblique, prince de la milice céleste,
champion du Bien contre le Mal dans la religion catholique. Il est
également honoré dans le judaïsme et l'islam.
Il
est représenté jusqu'aux genoux en chevalier terrassant le dragon,
symbole du Mal. Vêtu d'une armure dorée, le saint ailé (on voit
ses ailes dressées vers les cieux derrière lui) plante sa lance
dans la gueule d'un dragon cornu, dont s'échappe une coulée de
sang. Les traits fins, presque féminins, du visage de saint Michel
rappelle peut-être qu'on ignore le sexe des anges. Il est bordé par
huit hermines.
(4) St Erwan |
Saint
Yves est le patron des gens de justice et de la Bretagne. Né Yves Hélory
en 1253 au Minihy, près de Tréguier, dans une petite famille noble,
il fait d'importantes études universitaires à Paris et Orléans qui
lui permettent non seulement de devenir prêtre mais aussi official
(juge ecclésiastique) du diocèse de Tréguier. Faisant preuve
d'équité lorsqu'il rend la justice, il manifeste aussi une grande
piété. Sans être un des leurs, il est proche des Franciscains et
de leur spiritualité. Il se montre ainsi très sensible au sort des
pauvres. Mort en 1303, sa réputation vertueuse et les miracles qui
s'accomplissent autour de son tombeau amènent l’Église à ouvrir
une enquête qui se conclue par sa canonisation en 1347.
Il
est représenté ici jusqu'aux genoux, vêtu de la robe noire des
magistrats, la tête couverte d'un bonnet et les
épaules enveloppées d'un camail rouge bordé d'hermines, tenant de la main
gauche une balance et de la droite un parchemin (symbolisant sans doute la loi). Il est entouré de huit
hermines.
(5) Sant Herbot |
Saint
Herbot, protecteur des chevaux et des bêtes à cornes, était un saint très
populaire auprès des paysans. Vivant, selon la tradition, au VIe
siècle, il aurait quitté sa Bretagne insulaire natale pour
s'établir comme ermite en Armorique, à Berrien qu'il quitte par la
suite pour Loqueffret. Il serait mort à Saint-Herbot où il a fait
l'objet d'une vénération toute particulière.
Il
est représenté jusqu'aux genoux sous les traits d'un ermite, dans
un ample vêtement vert, avec une longue barbe bouclée et un bâton
dans la main gauche. Il est encadré de huit hermines.
(6) Itron Varia Lourd |
Littéralement
« Dame Marie de Lourdes », c'est-à-dire Notre-Dame de
Lourdes. Scène d'apparition de la Vierge-Marie à Bernadette
Soubirous dans la grotte de Massabielle à Lourdes en 1858.
On
a ici la verrière la plus élaborée (et peut-être la plus belle)
de l'église : sept panneaux différents ont été nécessaires
pour sa confection. Sainte Bernadette Soubirous (1844-1879),
canonisée en 1933, apparaît de dos sur le panneau de gauche,
auréolée, à genoux, les mains en prière. La Vierge-Marie,
éclatante de lumière, lui fait face sur le panneau de droite, vêtue
de façon traditionnelle en blanc et bleu, serrant entre ses mains
jointes un grand chapelet blanc. Comme dans la première apparition
décrite par sainte Bernadette, la Vierge porte une ceinture bleue et
des roses sur les pieds.
Détail du vitrail de Notre-Dame de Lourdes |
Après celui de saint Corentin, c'est le second
vitrail signé : en bas à gauche, on lit « J. Guével
1944 ».
(7) Sant Josef |
Saint
Joseph, personnage biblique, époux de Marie et père nourricier de
Jésus. Il était charpentier suivant l’Évangile selon Saint
Matthieu.
Il
est représenté en pied, barbu et vêtu d'une tunique brune.
Installé à son établi, un marteau et un ciseau à bois dans les
mains, il travaille une pièce de bois. Des copeaux jonchent le sol
autour d'une boîte à clous munie d'une poignée. Des planches semblent
posées derrière lui sur la gauche. D'après son fils Michel, Joseph Guével (Job en breton) se serait lui-même représenté dans ce vitrail.
(8) St Anton a Badou |
Saint
Antoine de Padoue est le patron des marins, des naufragés et des
prisonniers ; on l'invoque pour retrouver des objets perdus. Né Fernando
Martins de Bulhões à Lisbonne en 1195, dans une famille noble, il
devient prêtre et décide de rejoindre les rangs des Franciscains en
1220. C'est là qu'il prend le nom de frère Antoine. Proche de
François d'Assises, il se révèle un prédicateur de talent. Il
meurt à Padoue en 1231 et est canonisé dès l'année suivante.
Il
est représenté à mi-corps, en bure franciscaine, la tête
tonsurée, tenant de la main gauche un livre sur lequel est posé
l'Enfant Jésus. Leurs regards manifestent la tendresse et l'affection qu'ils ont l'un pour l'autre. Cette manière très classique de représenter ce saint renvoie à un miracle qui se serait déroulé en 1231 : une nuit, ne pouvant dormir, Antoine lit et relit l'Écriture Sainte. Un témoin passant par là aperçoit une vive clarté par la fenêtre de la cellule. Il s'approche et voit Antoine assis au bord de son lit, le grand livre ouvert sur ses genoux. Sur le livre se tient un bambin des plus mignons (l'Enfant Jésus, dont les traits s'inspirent d'un des garçons de l'artiste) qui se pend à son cou et le couvre de baisers comme s'il était son père. Une façon de rappeler l'amour du genre humain et l'importance des saintes écritures dans la vie de saint Antoine de Padoue.
(9) Me o padez en hano an tad hag ar mab hag ar Spered Santel |
La légende peut se traduire par : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Cette formule,
illustrant une représentation de l'Esprit saint, évoque la Trinité, c'est-à-dire un Dieu unique en
trois personnes.
Ce
petit vitrail, placé derrière les fonts baptismaux, représente une
colombe descendant sur Terre, incarnation de l'Esprit saint. L'oiseau blanc apparaît devant une croix celtique très colorée sur fond bleu.
(10) Sant Yan Diarchen |
Littéralement
« saint Jean sans sabots » ou « sans souliers », c'est-à-dire Jean
Discalceat, ou le Déchaussé, plus connu sous le nom de Santig Du
(le petit saint noir). Frère franciscain mort à Quimper en 1349
pendant la Peste noire en venant en aide aux malades. Jamais
officiellement canonisé, il est honoré comme saint depuis sa mort
par la piété populaire.
Représenté
jusqu'aux genoux, il apparaît les yeux clos et les mains jointes sur
un fond bleu, dans sa robe brune de Franciscain, encapuchonné, la
taille ceinte par une corde dont l'extrémité pend sur la droite.
(11) St Yan Vari Vianney |
Saint
Jean-Marie Vianney (1786-1859), appelé également le curé d'Ars, paroisse de l'Ain dont il fut le prêtre pendant 41 ans. L'hagiographie le présente comme un homme affable, d'une nature gaie mais menant une vie austère car il voue tout ce qu'il possède aux plus démunis. Sa réputation vertueuse attire à lui, de son vivant, de nombreux pèlerins. On lui attribue des miracles. Au terme d'une enquête de l'Eglise, il est canonisé en 1925, devenant le patron de tous les curés.
Représenté
ici jusqu'aux genoux, saint Jean-Marie Vianney est vêtu d'une aube
blanche avec un col noir. Sur ses épaules, il porte une étole
violette. Les mains en prière, les yeux portés vers les cieux, son
visage marqué par les ans esquisse un sourire.
Signalons pour finir que l'église abrite aussi un petit vitrail plus récent, dénotant franchement avec le reste de l'œuvre de Job Guével, conçu par l'atelier Le Bihan de Quimper.
Ce commentaire des onze vitraux réalisés par Job Guével permet de percevoir la volonté du maître-verrier et/ou du commanditaire d'affirmer, par le biais artistique, l'identité particulière de la paroisse. En s'entourant de ces images, les fidèles (ou tout au moins leur recteur) manifestent leurs croyances aux yeux de Dieu et des hommes : une communauté fière de son patron (saint Gorgon), de ses racines bretonnes (saint Yves) et surtout cornouaillaises (saint Corentin, saint Jean Discalceat), une paroisse à la fois rurale et maritime (saint Herbot, saint Antoine de Padoue), en prise avec la tradition (saint Michel, saint Joseph, la Trinité) mais aussi sensible aux évolutions plus récentes du christianisme (l'Immaculée conception avec Notre-Dame de Lourdes, le curé d'Ars).
III – Un art religieux entre classicisme et modernité
L'influence des Seiz Breur, ce courant artistique breton né dans les années 1920, proche de la revue Breiz Atao et qui s'est donné pour but de renouveler l'art breton, notamment en se réappropriant des motifs traditionnels comme l'hermine, le triskel ou le croix celtique, est nettement perceptible dans les vitraux de Plovan.
Signalons pour finir que l'église abrite aussi un petit vitrail plus récent, dénotant franchement avec le reste de l'œuvre de Job Guével, conçu par l'atelier Le Bihan de Quimper.
Vitrail Le Bihan au fond de l'église de Plovan |
Ce commentaire des onze vitraux réalisés par Job Guével permet de percevoir la volonté du maître-verrier et/ou du commanditaire d'affirmer, par le biais artistique, l'identité particulière de la paroisse. En s'entourant de ces images, les fidèles (ou tout au moins leur recteur) manifestent leurs croyances aux yeux de Dieu et des hommes : une communauté fière de son patron (saint Gorgon), de ses racines bretonnes (saint Yves) et surtout cornouaillaises (saint Corentin, saint Jean Discalceat), une paroisse à la fois rurale et maritime (saint Herbot, saint Antoine de Padoue), en prise avec la tradition (saint Michel, saint Joseph, la Trinité) mais aussi sensible aux évolutions plus récentes du christianisme (l'Immaculée conception avec Notre-Dame de Lourdes, le curé d'Ars).
III – Un art religieux entre classicisme et modernité
Parlant
de Job Guével, Gérard Berthelom, historien amateur établi à
Pont-Aven, a écrit que « ce maître-verrier fut un
avant-gardiste dans l'art religieux breton en imposant à la cure
d'introduire dans l'esthétique des vitraux d'églises – d'un
classicisme à bout de souffle – de remarquables touches de
modernité en phase avec l'évolution du monde artistique. Une touche
Seiz
Breur
par exemple ». Les
vitraux de Plovan illustrent parfaitement ce moment de basculement
entre un classicisme encore en vigueur dès lors qu'on aborde
l'iconographie religieuse, avec ses codes imposés auxquels
n'échappent pas les vitraux plovanais, et une modernité insufflée par Guével dans le choix des couleurs et des décors,
donnant parfois à voir ses influences personnelles, pour un résultat
propre à faire pâlir d'envie nombre d'églises des alentours,
engoncées dans leurs fades vitraux néo-gothiques.
L'influence des Seiz Breur, ce courant artistique breton né dans les années 1920, proche de la revue Breiz Atao et qui s'est donné pour but de renouveler l'art breton, notamment en se réappropriant des motifs traditionnels comme l'hermine, le triskel ou le croix celtique, est nettement perceptible dans les vitraux de Plovan.
Hermine des Seiz breur à gauche et hermines des vitraux de Plovan à droite |
L'hermine à base large avec des pointes en forme de losange, symbole des Seiz breur, apparaît ainsi à 44 reprises dans les vitraux de Plovan.
Triskel à gauche et figures du vitrail de saint Joseph rappelant les branches d'un triskel à droite |
De nombreuses arabesques pouvant faire penser aux branches d'un triskel apparaissent également dans 9 vitraux, comme ci-dessus celui de saint Joseph. Enfin, troisième symbole d'inspiration bretonne présent à Plovan, Guével a fait figurer, on l'a dit, une croix celtique dans le vitrail n° 9.
Comme le sculpteur René Quillivic, Job Guével semble davantage être un sympathisant de la démarche artistique des Seiz Breur qu'un adepte à leur pensée politique. Nombre des membres de ce courant (Morvan Marchal, Youenn Drezen, René-Yves Creston...) ont en effet collaboré avec les Nazis pendant l'Occupation ou exprimé clairement leurs penchants antisémites, discréditant pour longtemps l'ensemble de leur mouvement. Job Guével n'a rien à voir avec tout cela.
La modernité n'apparaît pas seulement dans le choix de couleurs sombres ou dans les influences artistiques du maître-verrier. Elle apparaît aussi dans la technique qu'il emploie pour réaliser et commercialiser ses œuvres. Sans parler d'une production standardisée, la comparaison des vitraux de Plovan avec les autres œuvres conçues par l'artiste dans les années 1940 montre que, pour un même personnage, il part d'un modèle identique qu'il reproduit ensuite chaque fois que nécessaire, n'introduisant que de petites variantes dans les couleurs ou la gestuelle. La visite des églises de Locunolé, Pontrieux ou Gouarec est très révélatrice de cette façon de procéder.
Vitraux de saint Corentin à Plovan et Locunolé (de g. à d.) |
Vitraux de saint Yves à Locunolé, Plovan et Pontrieux (de g. à d.) |
Vitraux de Notre-Dame de Lourdes à Plovan et Locunolé (de g. à d.) |
Outre les personnages déclinés quasiment à l'identique d'une église à l'autre, Job Guével reproduit aussi des décors similaires dans quelques vitraux, comme le montre cette photo prise à l'église de Gouarec (Côtes-d'Armor) mise en parallèle avec le vitrail de saint Gorgon à Plovan.
Vitraux de saint Gilles (Jili en breton), à Gouarec, et de saint Gorgon, à Plovan |
Dans des teintes différentes (bleues à Gouarec, vertes à Plovan), on retrouve les mêmes hermines formées de losanges, les arabesques et les croix grecques.
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Au terme de cette présentation du travail de Job Guével à Plovan, de nombreuses questions restent à éclaircir : quels étaient les vitraux qui ont immédiatement précédé ceux-ci ? Dans quelles circonstances a-t-on décidé de les remplacer et de faire appel à ce jeune artiste...? Loin d'avoir épuisé le sujet, cet article est davantage un coup de projecteur sur un des petits trésors qu'abrite notre commune et une invitation à venir les découvrir par vous même. Quelle meilleure manière en effet, pour prolonger cette lecture, que de venir à présent voir ou revoir avec un œil averti les vitraux de notre église ou de toutes celles où le maître-verrier a laissé ses œuvres, tant les photos, aussi précises soient-elles, ont souvent du mal à restituer la beauté et le plaisir qu'on peut éprouver à les regarder en vrai.
Mathieu GLAZ
PS : merci aux anonymes qui, dans les différentes églises que j'ai pu visiter, se chargent pendant l'été d'ouvrir au public ces lieux chargés d'histoire. Merci aux employés communaux de Locunolé et de Tréméven pour m'avoir ouvert personnellement les portes de leurs églises. Merci enfin à Marie-Claude pour son aide dans la traduction du breton.
[Texte mis à jour en août 2016].
Sources et webographie
ADF, 1 R 1319, classe 1904, n° 505 (fiche matricule de Paul Gouriou) [cliquez ici].
Anonyme, « Portrait : Monseigneur Cogneau, ancien élève du Likès », publié le 28 octobre 2012 [cliquez ici].
BATHANY-LE GOFF Marielle, « O comme ordination », publié le 17 juin 2016 [cliquez ici].
BERTHELOM Gérard, « Comme dans les années 1955-1985 (suite) » [cliquez ici].
POT Yves, « Quelques précisions autour du maître-verrier Job Guével » [cliquez ici].
Idem, « Liste des communes où Job Guével a travaillé » [cliquez ici].
Merci pour ce blog très intéressant, très bien fait et très bien documenté ! Je voulais juste vous signaler deux vitraux de Joseph Guével dans l'église Notre-Dame de la Fosse à Guémené-sur-Scorf (56160), en pays Pourlet, à toutes fins utiles.
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