L'Association du Patrimoine de Plovan vous invite à la conférence de Pierre Gouletquer "Un monde minéral et vivant ; une brèche dans le cordon de galets de Plovan-Tréogat". Jeudi 7 août 2014 à 20h30, salle polyvalente à Plovan. Entrée gratuite.
Le 2 janvier 2014, le « mur » de galets a cédé à Plovan sous la pression des étangs de Kergalan et de Trunvel en crue. Quelques jours plus tard, l'ampleur de la brèche était telle que les visiteurs désolés disaient qu'il faudrait plusieurs années avant que celle-ci se referme... si elle se refermait jamais. Ceux qui se souvenaient de l'époque où les riverains ouvraient volontairement le cordon de galets afin de vidanger l'étang étaient plus optimistes : la brèche se colmaterait lors des grandes marées à venir.
Les uns et les autres se trompaient. Les premiers par ignorance de l'effet des marées sur la dynamique de la plage, les seconds parce qu'ils ne pouvaient tenir compte des violentes dépressions et des abondantes précipitations qui allaient se succéder quatre mois durant et retarder le processus qui leur était familier. Du début janvier à la mi-avril la mer et la crue allaient brasser les sédiments, se contrariant sans cesse. L'une pour qu’ils reprennent leur place de « ligne de côte », l'autre pour se frayer un passage vers la plage.
Dans le contexte confus du réchauffement climatique et de la menace de surélévation du niveau des mers, cet événement n'a pas seulement ébranlé un supposé « rempart » naturel qui protègerait les palues de l'océan. En fournissant un exemple local qui semblait justifier les craintes, il a mis à mal l'image de stabilité qui nous rassure lorsque l'on retrouve chaque jour un paysage inchangé. Il a ébranlé notre imaginaire en nous projetant dans l'univers instable des légendes de villes englouties et des gwerz oubliées : certains imaginaient déjà que les bateaux pourraient bientôt remonter l’estuaire jusqu’aux ruines de Languidou.
Les observations que nous avons pu faire n'ont rien de scientifique. 113 visites sur le terrain de début janvier à fin avril, plus de 3000 photos complétées par celles prises par les visiteurs occasionnels ainsi que quelques courtes vidéos, les notes parfois approximatives, prolongées par les observations et les réflexions des uns et des autres ont permis de se convaincre que ce patrimoine n'est pas un « mur », une « digue » ou un « rempart », mais bien le dynamisme jamais en repos de ce que l'un des visiteurs a pu qualifier de « monde minéral mais vivant ».
Le moment est venu de rendre compte de ces observations et d'en dresser le bilan.
Pierre GOULETQUER