Notre association fêtera, en 2017, ses vingt ans d'existence. Deux décennies mise au service de la promotion du patrimoine et de l'histoire locale. Un autre anniversaire, plus triste, est passé inaperçu en mars dernier : il y a 100 ans, disparaissait un des pionniers de l'histoire de Plovan. Noël Jézéquel (1879-1917), vicaire de la paroisse, fut en effet, au début des années 1910, l'un des premiers, si ce n'est le premier, à s'intéresser à l'histoire de notre petit territoire. En son hommage, nous revenons ici sur son parcours et nous diffusons pour la première fois son travail, modeste il est vrai mais précieux pour la mémoire de Plovan.
I – Un prêtre léonard lancé sur les traces du passé plovanais
En marge de nos recherches concernant l'école des Sœurs de Plovan, nous avons découvert un curieux cahier glissé dans le journal paroissial tenu par Jean-Marie Maréchal, recteur de Plovan entre 1910 et 1941. Pour comprendre ce qui suit, il faut savoir que les prêtres en charge d'une paroisse devaient autrefois tenir un « registre paroissial » comprenant deux parties :
- une « partie historique », retraçant l'histoire de leur paroisse depuis les origines, de son clergé et des œuvres qui y sont menées
- et un « registre journal », répertoriant au fil des semaines ou des mois les principaux événements religieux, les accidents, les phénomènes météorologiques... qui marquent la vie de la paroisse
Le cahier qui nous intéresse ici a été arraché dans un de ces registres vierges et glissé dans un autre. Il compte simplement sept pages manuscrites. Deux écritures différentes sont reconnaissables : les six premières pages d'une écriture inconnue ; la dernière de la main du recteur Maréchal.
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Page du cahier où l'on passe d'une écriture à l'autre |
On peut affirmer, sans trop de risque, que la première écriture est celle d'un prêtre ayant collaboré plusieurs années avec le recteur Maréchal : Noël Jézéquel, vicaire de Plovan entre 1909 et 1914.
Noël Laurent Jézéquel est né à Plouguin, près de Ploudalmézeau, au cœur du Léon, le jour de Noël 1879. Son père, Jean Martin Jézéquel, est alors marin d’État, tandis que sa mère, Françoise Jétain, est ménagère. Noël est l'aîné d'une fratrie comptant deux autres garçons (Auguste et Joseph, nés en 1881 et 1884). La famille vit au bourg communal de Plouguin (1881-1886) avant de s'installer au château de Penmarc'h (1891-1911), en Saint-Frégant, près de Lesneven. Le père de famille, désormais militaire en retraite, y a été embauché comme garde particulier par le général de Montarby, propriété des lieux. Le domaine est acquis en 1922 par la ville de Brest qui y installe une colonie de vacances pour les enfants de familles nécessiteuses.
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Château de Penmarc'h en Saint-Frégant, où vivent les Jézéquel |
Le parcours de ce prêtre léonard est très classique : après des études au collège de Lesneven, Noël Jézéquel entre au Grand Séminaire de Quimper. L'étudiant ecclésiastique échappe au service militaire en 1900 et 1901 mais pas en 1902. Sa faible santé lui vaut d'être affecté aux services auxiliaires. Ordonné diacre en 1904, il devient prêtre le 25 juillet 1905. Il retourne alors vivre chez ses parents au château de Penmarc'h (présent en avril 1906).
Le 2 février 1909, plus de trois ans après son ordination, il reçoit sa première affectation : vicaire à Plovan, où il vient remplacer Jean-Noël Gloaguen (1871-1909), mort le 29 janvier précédent. Il assiste quelques mois le vieux recteur Carval, qui décède à son tour en décembre 1909. À partir de janvier 1910, il entame une collaboration de près de cinq ans avec le nouveau recteur, Jean-Marie Maréchal.
C'est sans doute
sur ordre de ce dernier que Noël Jézéquel est contraint de se pencher sur l'histoire de
Plovan, aux environs de 1912. Car si le
recteur Maréchal se charge effectivement de tenir le « registre journal »,
il confie à son vicaire le soin de rédiger la « partie
historique ». Pour le guider dans sa tâche, une liste de
« sources à consulter » est imprimée au début du registre.
Mais la paroisse de Plovan ne disposant pas, dans les années 1910, d'une bibliothèque suffisamment fournie pour effectuer ces recherches, le vicaire Jézéquel s'adresse à un ancien camarade de Séminaire, demeurant à Quimper, mieux à même que lui de se rendre à la bibliothèque municipale ou aux archives. Après plusieurs sollicitations postales, signes de la relative angoisse qui s'est emparée du vicaire face au travail qu'il doit accomplir, son ami prêtre lui répond ceci :
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Consignes du registre paroissial |
Mais la paroisse de Plovan ne disposant pas, dans les années 1910, d'une bibliothèque suffisamment fournie pour effectuer ces recherches, le vicaire Jézéquel s'adresse à un ancien camarade de Séminaire, demeurant à Quimper, mieux à même que lui de se rendre à la bibliothèque municipale ou aux archives. Après plusieurs sollicitations postales, signes de la relative angoisse qui s'est emparée du vicaire face au travail qu'il doit accomplir, son ami prêtre lui répond ceci :
« Quimper,
3 mai 1912
Mon cher
Noël,
J'ai,
tout d'abord, à te prier de m'excuser de t'avoir fait attendre si
longtemps. Je dois cependant, à la vérité, d'avouer que je n'ai
nullement perdu de vue ta première lettre, et qu'à mes moments
de loisir, j'ai fait des fouilles 1°) aux archives
départementales ; 2°) à la bibliothèque de la ville ;
3°) à l'évêché. Je suis obligé, à mon grand regret, de
reconnaître que le résultat de mes recherches est bien mince !
C'est, trop souvent, à cette sorte de déception qu'il faut
s'attendre quand il s'agit de documents historiques sur des faits
peu connus ou des coins à peu près ignorés. Une conclusion
s'impose, dès maintenant : Plovan, « comme les
peuples heureux », ne doit guère avoir d'histoire... du
moins dans les papiers et registres de Quimper...
Aux
archives et à la bibliothèque, rien ! De Mr Peyron
[archiviste diocésain], je ne tiens que les renseignements
suivants et il m'a dit que tu n'as pas à compter beaucoup
sur d'autres éléments d'information.
a) La
première chose que tu as à faire, pour être en règle,
c'est de consigner sur ton cahier de paroisse les noms connus des
recteurs de Plovan que tu relèveras dans les registres de la
fabrique. Si tu le désires, il peut te procurer les noms de
quelques recteurs antérieurs à 1600 et que tu ne trouveras pas
probablement.
b) 1°
Pour les monuments, consulter ton livre « Des églises du
Finistère » de Mr Abgrall ; 2° la publication de
Mr Duchâtelier (interrompue) sur les églises du Sud-Finistère,
magnifique ouvrage dont il y a un exemplaire (en fascicules
disparates) à l'évêché.
Voici
quelques indications rapides :
Plovan
1°) modeste église du 16e siècle... (description...)
2°) belles ruines de la chapelle de Languido. Style de l'époque
du XIIe siècle. Sur un tailloir qui se trouve à terre
on peut déchiffrer l'inscription suivante : « Guillelmus
canonicus et Ivo de Revesco aedificaverunt istam ecclesiam ».
La
chapelle possède une jolie rose du XVe siècle. Les
piles et arcades sont du style de l'église de Pont-Croix (cf.
Pont-Croix, chanoine Abgrall). Rem. Détail que j'ai omis et qui
permet de dater la chapelle... Le chanoine Guillaume est indiqué
comme étant attaché à la cathédrale de Quimper de 1162 à 1166
(cartulaire de la cathédrale).
Tu
pourrais consulter également « le Finistère
pittoresque » de Mr Toscer qui doit faire mention de
Languido.
Les
confrères du canton doivent, à défaut de toi-même, posséder
les livres que je t'ai signalés.
Reste
alors l'ensemble des vieux papiers du presbytère que tu pourras
dépouiller tout à ton aise : « rien ne presse, dit
Mr Peyron ; dites à Mr Jézéquel qu'il faut qu'il
prenne beaucoup de temps pour mener son travail à bout... et
encore, et encore, il n'est pas sûr de trouver grand chose !
Qu'il ne se déconcerte pas pour si peu ! Il est évident que
– à moins de documents nouveaux – il ne découvrira rien
d'extraordinaire concernant Plovan. Pour moi, je n'ai rien
d'intéressant, par ailleurs, à lui communiquer, sauf les noms de
quelques anciens recteurs... Mais voilà,
ajouta-t-il en riant, on est jeune et on voudrait
déblayer toutes les ruines pour qu'elles racontent d'elles-mêmes
leur histoire. »
Tu vois,
mon cher Noël, que tu n'as pas, comme on dit, à te manger les
sangs et Monseigneur sera le premier à louer la sagesse de tes
patientes recherches. Il suffit que tu « fasses
quelque chose », comme tu l'observes toi-même, dans ta
dernière lettre.
Tu
pourrais, peut-être, recueillir des détails, sinon précieux et
sûrs, du moins originaux et intéressants de la bouche des
« vieux » de Plovan sur « la vie
d'autrefois » dans la paroisse, peut-être même
quelques anecdotes concernant la Révolution...
Enfin,
voici la réponse à la question : différentes formes de
paroisse... Je te la donne, d'après le Dictionnaire historique
des mœurs et coutumes de la France (Chéruel) cf. au mot :
clergé.
« … Dès le IVe siècle, les grandes villes avaient plusieurs églises, et dans chacune un prêtre chargé d'instruire le peuple. Bientôt on bâtit des oratoires dans les campagnes. Tel fut le commencement des cures et des paroisses. Dans l'origine, les prêtres qui en furent chargés portaient le nom de cardinaux, quand ils y étaient nommés définitivement. Ce fut, seulement, au XIIe siècle qu'on commença à les nommer curés, parce que le soin (cura) des âmes leur était confié. C'étaient autant de petits évêques : … ils pouvaient dire des messes, prêcher et même baptiser aux jours solennels. Ces droits ne furent accordés qu'aux titres principaux ou églises archipresbytérales, qu'on appelait à cette époque plebes. Le prêtre qui les administrait était quelquefois désigné sous le nom de plebanus. De ces églises principales dépendaient des cures inférieures ou oratoires, qu'on a appelées plus tard succursales... »
Donc,
« une paroisse est une circonscription
territoriale, dans laquelle un curé ou un desservant (recteur
chez nous) exerce le ministère sacerdotal : les
premières s'appellent cures et les secondes succursales. »
Plovan a-t-il été jadis cure,
ou simplement succursale, ou bien l'une d'abord et l'autre
ensuite, il me semble qu'on ne demande pas autre chose et les
anciens registres te renseigneront amplement.
Et
maintenant, mon cher Noël, je te quitte, tout confus de ne
pouvoir te fournir une documentation plus abondante et plus
vivante, heureux pourtant si j'ai pu te rendre le plus léger
service.
Je
garde de toi, de nos années en commun au Séminaire, le meilleur
souvenir et je te donne, en terminant, rendez-vous près de Jésus
et Marie.
Bien
cordialement à toi en N. S. [Notre Seigneur]
Ed Mesguen
prêtre
P.
S. : mes respects, s'il te plaît, à Mr Maréchal que j'ai
eu le plaisir de connaître quand il était vicaire à Moëlan. »
|
L'auteur de
la lettre, Édouard Mesguen (1880-1956), ordonné prêtre la même
année que Jézéquel, est alors professeur à l'école Saint-Yves de
Quimper. Esprit cultivé, raison pour laquelle notre vicaire de
Plovan a jugé bon de lui écrire, Mesguen est appelé à connaître
une belle carrière ecclésiastique : après Quimper
(1905-1913), il part enseigner l'histoire au collège de Lesneven
(1914-1920), prend la direction, à son retour de la guerre, du
collège Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (1920-1932),
années au cours desquelles il entre au chapitre cathédral (1923),
puis devient curé archiprêtre de la cathédrale de Quimper
(1932-1934) avant finalement d'être sacré évêque de Poitiers en
1934.
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Portait de Mgr Édouard Mesguen en 1934 |
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Mgr Édouard Mesguen le jour de son sacre à Quimper, le 22 février 1934, entouré de Mgr Adolphe Duparc, évêque de Quimper et Léon (à gauche), et d'Auguste Cogneau, son évêque auxiliaire (à droite) |
Le vicaire de Plovan n'aura pas l'heur de suivre le brillant parcours de son condisciple. Lorsqu'il quitte Plovan en août 1914, Noël Jézéquel, qui ne s'est pas fait prier pour suivre le conseil du vieux chanoine Paul Peyron (1842-1920) – « qu'il prenne beaucoup de temps pour mener son travail à bout » –, laisse derrière lui un travail historique en chantier. Peut-être pense-t-il revenir à Plovan une fois les hostilités finies. La guerre en décide autrement. Après avoir été placé, au début du conflit, comme prêtre auxiliaire à Plozévet puis à Plouhinec, il est mobilisé en qualité d'infirmier militaire. Le recteur Maréchal retrace la suite de son parcours dans son journal :
« Dès
octobre 1914, Mr le vicaire avait été appelé à Brest comme
infirmier de l'armée, auxiliaire. Ensuite il a été versé dans
le service actif, à Mantes puis sur le front dans une ambulance.
Le mardi 3 avril 1917, Mr le recteur reçoit de l'armée la lettre
suivante :
« Le
27 mars 1917,
Mon cher ami,
J'ai
le regret de t'annoncer la mort de ton ancien vicaire Noël
Jézéquel. Il a été atteint, le 24 mars, par un obus tombé sur
son ambulance, installée au collège St Charles de Chauny. Il
avait trois perforations de l'intestin et a succombé, hier 26
mars, à ses blessures.
Il
est mort dans les sentiments les plus édifiants, après avoir
reçu les sacrements de l'Eglise.
Il
a été l'objet de la citation suivante : « Jézéquel
Noël, Laurent, soldat de 2e classe, ambulance 2/61. Bon
infirmier, courageux et dévoué, a été très grièvement blessé
en service, au cours du bombardement de l'ambulance 2/61, le 24
mars 1917. »
Je
ne me rappelle pas au juste la paroisse d'origine de Jézéquel.
Voudrais-tu prévenir le recteur de cette paroisse et la famille ?
Jézéquel
est enterré dans le cimetière communal de Chauny.
Bien
à toi en N. S.
Adolphe
Bellec, aumônier. »
Mr Jézéquel avait 38 ans, était
prêtre depuis 11 ans et avait été nommé vicaire de Plovan le 3
février 1909. Requiescat in pace ! Nous chantons son
enterrement à Plovan le jeudi 19 avril. »
|
La guerre prive ainsi Plovan de son apprenti historien. Guère plus versé dans les études historiques que son défunt vicaire, Jean-Marie Maréchal ne s'emploie pas à achever la notice historique entamée par Noël Jézéquel. Tout juste se contente-t-il d'ajouter, après 1928, quelques lignes concernant la chapelle de Languidou. Du plan imposé par le diocèse, seul le premier point (« description topologique ») a finalement été traité !
II – Un texte inédit, entre histoire et tradition orale
Voici la transcription des sept pages manuscrites, formant l'embryon de notice historique de la paroisse de Plovan :
« Partie historique
I. La paroisse
1.
Description topologique – Limites, division ancienne en trèves,
cordelées ou fréries. Nomenclature des villages, des cours d'eaux,
des moulins, des manoirs. – Productions : aperçu sur
l'industrie ou l'agriculture. – Curiosités naturelles –
Monuments mégalithiques : dolmens, menhirs, etc. Traces de
l'occupation romaine : camps, villas et bains.
(a)
Limites.
La paroisse
de Plovan est bornée au nord par Pouldreuzic, au sud par Tréogat, à
l'est par Tréogat et Peumerit, à l'ouest par l'océan Atlantique.
(b)
Nomenclature des villages.
1° Du côté
de la mer, au bas de la paroisse, nous rencontrons les villages
suivants : Brénévelec, Kergalen, Cruguen, Crumuny, Pratbolc'h,
Kersthéphan, Ruveïn, Guellen, Palud, Nizélec, Kergüen,
Stank-liou, Kerguelen, Kervardès, Palud, Palud-Trébanec, Trébanec,
Kerlaben, Kervon, Ty-Tossel, Gronvel, Kergolastre, Cornlan,
Kergurun-Vian, Lesvez, Kergu Kersthephan-Vian,
Kergurun-Vras, Cotty, Crugou, Kerléouguy, Pompouillec,
Renongard-Vian, Renongard-Vras, Kergoff, Toulancavel, Fouillic,
Trébanec huela, Secret [sic],
Kerdrezec, Viny, Keroualen, Kerouintin, Kernevez, Lestreguellé-Vian,
Kerevet, Ty-Corn, Kerliven, Prat-ar-Groès, Mindévet, Tréménec,
Ty-an-Traon.
2° Au haut
de la paroisse : Kerbroher, Kervizon, Kerautret, Keryanou,
Lestreguellé, Keryéré Névez, Penfrajou, Keryéré an Traon,
Keryéré-al-Laë, Kervouyen, Sent, Kergroës, Cudennec, Lesnarvor,
Pencleuziou, Kerzouron-Vras, Kerzouron-Vian, Kerlavantec, Kerneulc'h,
Papérès, Charnellou, Pont-Dévet, Keryouen, Trusquennec, Pontécrez,
Brémel, Meil-ar-Moan, Ty-Broc'h, Land-Guido-al-Laë, Croas-Pilo,
Trefrank, Brezigon, Kergua, Lavanet Bras, Lavanet-Bian, Kerscaven,
Pond-Land, Ty-Land, Tynancien, Kerviel, Kerglobe, Keryan, Lannouris,
Meil-Herry, Land-Guido-an-Traon, Roz, Kerdrubuill, Ramage, Keruen.
Le bourg.
(c) Cours
d'eaux et étangs.
La paroisse
de Plovan possède six étangs au bord de la grève et qui ne sont
séparés de la mer que par un banc de galets.
1° Le plus
considérable de ces étangs est celui de Kergalen. Il occupe une
soixantaine d'hectares. Cet étang est appelé vulgairement loc'h
Cassard. Il y a une trentaine d'année, M. Cassard entreprit de
dessécher cet étang. Il y réussit du moins en partie et y cultiva
des légumes.
Aujourd'hui
les tuyaux qui servaient à dessécher l'étang sont complètement
détruits, de sorte que les eaux stationnent de nouveau.
L'étang de
Kergalen est alimenté par la rivière de St Quido. Cette rivière
sépare la paroisse de Plovan de celle de Tréogat et de Peumeurit.
De l'autre coté de cette rivière, Plovan possède les deux villages
de Kerjean. Ces deux villages dépendaient autrefois de la paroisse
de Tréogat. Mais en temps d'épidémie, le desservant de Tréogat
refusa d'administrer ses ouailles. Celles-ci s'adressèrent au clergé
de Plovan qui se mit à leur disposition. Depuis lors, les habitants
de ces deux villages ont continué à demander au clergé de cette
paroisse le secours des sacrements et en sont les paroissiens.
L'étang de Kergalen et le ruisseau de St Quido avec toute sa vallée
jusqu'à une certaine distance au delà de la chapelle devait former
autrefois un bras de mer. Ce bras de mer s'appelait l'Arvor. Il a
donné son nom au vieux manoir de Lesnarvor. Depuis la construction
de la chapelle, on l'a appelé la rivière de St Quido.
Le port de
St Quido semble avoir été très fréquenté : ce qui en rend
témoignage c'est l'existence d'un vieux chemin qui va directement de
St Quido à Pouldavid. Les deux ports de Douarnenez et de St Quido
paraissent donc avoir été en relation l'un avec l'autre.
On a trouvé
des anneaux dans les rochers qui bordent cette vallée. Ces anneaux
devaient servir à attacher les bateaux.
Aujourd'hui
les galets empêchent la mer de pénétrer dans la rivière de St
Quido, d'arriver jusqu'à la chapelle. On ne sait au juste à quelle
date s'est formé ce rempart de galets qui arrête la mer. On raconte
[blanc]
2° L'étang
du Guellen est alimenté par le Vouës qui a donné son nom à
Lesvez.
3° L'étang
de Kerguen est alimenté par le Guellé qui a donné son nom au
village de Lestréguellé.
4° L'étang
de Kervardès est alimenté par la source puissante du village de
Kernevez.
5° L'étang
de Feunteun-Vero est alimenté par une fontaine du même jour et qui
est aussi très puissante.
6° L'étang
de Penhors est alimenté par le ruisseau appelé Lau qui sépare
Plovan de Pouldreuzic.
Tous ces
étangs jettent leurs eaux à travers dans l'océan
à travers les galets.
(d)
Moulins et manoirs.
La paroisse
de Plovan possède deux moulins à eau : le moulin de Meil-Herry
et le moulin de Meil-Poul-Land et les moulins à vent de Land-Guido,
Kerautret, Lesvez, Pompouillec.
Les manoirs
occupés aujourd'hui par des cultivateurs sont les manoirs de
Tréménec, de Kerguelen-Vras, de Lesnarvor.
Ces manoirs
sont d'un style assez modeste.
(e)
Production : aperçu sur l'industrie et sur l'agriculture.
À Plovan,
on cultive le blé (froment, seigle, orge), la pomme de terre et les
petits pois. Cette dernière culture est une très grande ressource
pour la paroisse.
(d)
Curiosités naturelles. – Monuments mégalithiques : dolmens,
menhirs, etc. – Traces de l'occupation romaine : camps, villas
et bains.
Plovan
possède quelques monuments druidiques. Le plus célèbre est le
tumulus de Crugou. C'est un amoncellement de terre sous lequel il y a
une galerie faite de grosses pierres plates. C'est là probablement
qu'on exécutait les criminels. C'est là qu'on pendait les
coupables. Aussi le nom du village porte le nom de Crugou, Crougou,
Crouga qui veut dire pendre.
Plovan
possède à marée basse une magnifique plage couverte de sable fin.
Un fait
curieux a été constaté il y a quelques années : à marée
basse, le sable qui couvre la plage, ayant été enlevé par la mer,
on a vu devant le village de Kervardes, l'autre coté des galets, un
chemin allant droit à la mer. Les ornières étaient très
apparentes, on a rencontré des vestiges de fossé sur lesquels il y
avait des souches d'arbres noircies mais encore bien conservées.
Un énorme
ban de galets longeant toute la côte protège la terre contre les
hautes marées.
Languido
La chapelle
de Land-Guido
Le style de
la chapelle en ruines de Land-Guido est celui de l'époque du XII
siècle. Sur un tailloir qui se trouve à terre on peut déchiffrer
l'inscription suivante : « Guillelmus canonicus et Ivo de
Revesco aedificaverunt istam ecclesiam ».
La chapelle
possède une jolie rosace du XVe siècle. Les piles
colonnes et les arcades sont du style de l'église de Pont-Croix.
Cette chapelle est classée comme monument historique.
La chapelle
de Land-Guido doit être une des premières églises bâties dans ce
coin de terre.
Cette
chapelle a du être une église de monastère : à 150 mètres
ou à 200 de la chapelle, on a trouvé dans une garenne les ruines
d'une petite chapelle ou cellule et qui s'appelle Penity c'est-à-dire
ti-Pinijen. Les anciens monastère possédaient de ces cellules
isolés, destinés à loger soit des coupables ou des reclus
volontaires.
Cette
église a été bâtie probablement par des moines venus de la Grande
Bretagne.
La
tradition raconte que dans un temps bien plus rapproché de nous que
son origine, l'église de Land-Guido desservait Tréguennec, Tréogat
et Plovan : on trouve encore les traces d'un vieux chemin qui va
pour ainsi dire directement de Land-Guido au vieux bourg de
Tréguennec en traversant la paroisse de Tréogat.
[complément
de la main du recteur Maréchal :]
Dans les
temps anciens, Languido devait être baigné par la mer. Les prairies
qui se trouvent entre Tréogat et Plovan étaient le lit d'une
rivière. Et la mer devait monter jusqu'à Lesnarvor. Ce sont les
galets et le sable de la mer qui ont fermé l'entrée de la rivière
devant l'étang de Kergalan. M. l'abbé Cabillic, de Plouhinec,
vicaire à Marseille, me disait (en 1928) que les navires de
Poulgoazec lorsqu'ils viennent à la pêche devant Plovan, appellent
toujours ce lieu de pêche « Porz-Quido » – donc dans
le temps, à Languido, il y avait un port – et il me disait aussi
que son père, navigateur, a vue des cartes de marine, où le port et
la rivière de Languido était [sic] bien marqués. »
*
Ici s'achève cette amorce d'histoire de Plovan composée par Noël Jézéquel vers 1912-1914. Si on se livre à un rapide commentaire de son travail, on ne peut que regretter son caractère inachevé. Tout d'abord, il serait injuste de lui tenir rigueur d'une série d'affirmations (sur la datation des ruines de Languidou ; sur l'association des mégalithes et des druides...) que l'on sait aujourd'hui périmées mais qui ne sont que le reflet des certitudes historiques des années 1910. Rappelons modestement qu'il en sera probablement de même de nos propres certitudes d'ici à 2117 ! L'intérêt du travail de Jézéquel réside à nos yeux surtout dans le travail de collecte de traditions orales alors en vigueur : sur le prétendu port de Languidou (qui n'a, à notre humble avis, jamais existé, ou n'a été tout au plus qu'un petit havre d'échouage) ; sur les noms donnés aux ruisseaux traversant la commune ; sur l'origine du lien entre le village de Kerjean et la paroisse de Plovan ; sur l'étymologie (inexacte !) du nom du village du Crugou ; sur l'entreprise d'assèchement de l'étang de Kergalan par Jean-Baptiste Cassard dans les années 1880, etc.
Il ne dit rien de l'identité de ses sources, usant à foison des pronoms indéfinis et des formules vagues : « on a trouvé... », « on raconte... », « la tradition raconte... ». D'après le recensement de 1911, Plovan ne comptait alors qu'une poignée d'anciens (4 octogénaires et 31 septuagénaires, pour une population de 1 587 habitants). Nés dans les années 1830 et 1840, ils ont pu connaître dans leur enfance des hommes et des femmes nés dans la seconde moitié du XVIIIe siècle...! Est-ce cette mémoire qu'on touche un peu du doigt dans le travail de Jézéquel ? On ne peut que regretter qu'il n'ait pas poussé sa démarche plus loin.
Il ne dit rien de l'identité de ses sources, usant à foison des pronoms indéfinis et des formules vagues : « on a trouvé... », « on raconte... », « la tradition raconte... ». D'après le recensement de 1911, Plovan ne comptait alors qu'une poignée d'anciens (4 octogénaires et 31 septuagénaires, pour une population de 1 587 habitants). Nés dans les années 1830 et 1840, ils ont pu connaître dans leur enfance des hommes et des femmes nés dans la seconde moitié du XVIIIe siècle...! Est-ce cette mémoire qu'on touche un peu du doigt dans le travail de Jézéquel ? On ne peut que regretter qu'il n'ait pas poussé sa démarche plus loin.
*
* *
Lorsqu'au début des années 1930, Henri Pérennès s'intéresse à son tour à l'histoire de la paroisse afin d'écrire la monographie que lui a commandé le recteur Maréchal, Plovan et sa chapelle de Languidou, il ne s'appuie pas sur la tradition orale locale. Vingt ans sont passés depuis la rédaction de la notice inachevée de Jézéquel et les témoins qu'il avait interrogés ont rejoint leur créateur, emportant avec eux des histoires plus ou moins légendaires attachées à leur terre natale. La démarche des deux hommes n'est véritablement pas la même : d'un côté, Jézéquel, historien contraint, faisant appel, pour autant qu'on puisse en juger et peut-être faute de mieux, à une culture orale et populaire ; de l'autre, Pérennès, historien plus chevronné, rompu à l'art de transcrire les documents d'archives et à l'analyse des vieilles pierres, incarnation d'une culture dite savante. Certains coins de Bretagne ont eu la chance d'attirer, parfois dès les années 1810 et jusqu'à une période récente, des collecteurs de mémoires (histoires, chants, légendes, contes...), d'abord aristocrates (Barbe-Émilie de Saint-Prix, Joseph-François de Kergariou, Théodore Hersart de La Villemarqué, Jean-Marie de Penguern...), parfois hommes d'Église (François Cadic, Jean-Marie Perrot, Henri Guillerm...). Hormis le modeste travail de l'abbé Jézéquel, ce ne fut pas le cas à Plovan. Qui pouvait se douter qu'en lançant une vaste collecte de témoignages oraux sur les écoles de la commune, l'Association du Patrimoine renouait avec une tradition initiée cent ans auparavant par un historien précurseur qui s'ignorait ?
Mathieu GLAZ
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'anime un site sur les combattants Finistériens pendant la guerre de 14-18.
Etant de Plouguin, j'ai apprécié la biographie de Noël Laurent Jézéquel éditée sur votre blog.
Travaillant sur les parcours militaires de cette triste période, j'ai mis une page en ligne concernant Noël.
Peut-être y trouverez vous des choses qui pourraient vous intéresser.
Cordialement
Patrick Milan
https://milanpatrick8.wixsite.com/finistere-14-18/noel-laurent-jezequel-plouguin
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